- ZACHARIE (LIVRE DE)
- ZACHARIE (LIVRE DE)ZACHARIE LIVRE DELe livre biblique de Zacharie (en hébreu, zehar-Yah , «Yahvé est souvenir»), classé avant-dernier dans le corpus des Douze Petits Prophètes, regroupe en fait deux textes distincts, dont le second (IX-XIV) est bien plus tardif que le premier (I-VIII). Celui-ci, ou Proto-Zacharie, est le seul qui soit imputable au prophète Zacharie. À part ce qui est dit de lui dans le livre d’Esdras (V, 1, et VI, 14), ce prophète n’est connu que par l’écrit qui porte son nom. Contemporain d’Aggée et parlant sous l’influence d’Ézéchiel, il était prêtre et prophète à la fois. Son ministère se situa d’octobre à novembre \ZACHARIE (LIVRE DE) 520 à \ZACHARIE (LIVRE DE) 518. Particulièrement préoccupé par la reconstruction du Temple, il prêcha la restauration nationale et l’observance des lois morales et de pureté rituelle. Une légende erronée qui fait de lui un martyr (cf. Matthieu, XXIII, 35) témoigne de son prestige posthume.Le Proto-Zacharie comprend trois parties. La première (I, 1-6) est une introduction consistant en un appel à la conversion; il s’agit d’un texte plus tardif et qui résume les vues morales de Zacharie. La deuxième partie (I, 7-VI, 8) contient le livre des huit visions nocturnes, suivies ou accompagnées d’interprétations et de commentaires (les quatres cavaliers, les quatre cornes, le cordeau à mesurer, le sacerdoce renouvelé, le lampadaire d’or, le rouleau volant, la femme et le boisseau, les quatre chars de combat). La troisième partie (VII-VIII) comporte une collection d’oracles prophétiques s’entrelaçant avec une prédilection morale et une série d’oracles à contenu messianique, qui répondent à la question posée par une délégation babylonienne sur les jeûnes commémoratifs. La dernière section (VIII, 20-23), introduite comme conclusion générale du livre, est nettement plus tardive.La préoccupation centrale de Zacharie, la reconstruction du Temple, n’est que le prélude à l’ère messianique qui intéresse surtout l’auteur. S’il voit en Zorobabel la figure du Messie davidique (III, 8-10; VI, 12 et 13), sa fidélité à Ézéchiel lui fait exalter le grand prêtre Josué (III, 1-7). Sans qu’il ait envisagé deux Messies distincts, il annonce déjà les deux figures messianiques de Qumr n, l’«Oint d’Israël» et l’«Oint d’Aaron».La séparation entre le Proto-Zacharie (I-VIII) et le Deutéro-Zacharie (IX-XIV) est aujourd’hui admise par tous. Dans cette seconde partie, en effet, les noms de Josué et de Zorobabel ont disparu, ainsi que la mention de la situation relative à la restauration d’Israël (pas un mot n’est dit sur la reconstruction du Temple). Les qualités littéraires de ce texte sont différentes: des passages tourmentés et de grandes fresques eschatologiques ont pris la place des visions et des oracles prophétiques. Des figures nouvelles ont fait leur apparition: le roi pauvre, le pasteur rejeté...La datation de cet écrit a connu d’étonnantes variations: on a proposé tour à tour le \ZACHARIE (LIVRE DE) VIIIe siècle, le \ZACHARIE (LIVRE DE) Ve siècle, puis la période des luttes maccabéennes (\ZACHARIE (LIVRE DE) IIe s.). Aujourd’hui, l’hypothèse la plus crédible fait du Deutéro-Zacharie une compilation anonyme de la fin du IVe siècle (entre \ZACHARIE (LIVRE DE) 322 et \ZACHARIE (LIVRE DE) 300). Il semble bien, en effet, que le passage IX, 1-8, s’accorde avec les débuts des conquêtes d’Alexandre; on peut voir en IX, 11 et 12, une allusion aux captifs emmenés par Ptolémée Ier (311); en XI, 14, l’évocation du schisme samaritain (328), etc.Cet écrit est composé de deux blocs, introduits par le mot massa , «oracle», «proclamation». En fait, il s’agit d’une anthologie qui réunit, sans ordre, des textes très différents. L’ensemble est centré sur le thème de l’attente messianique, qui se trouva ravivée à l’époque d’Alexandre: dans l’action victorieuse de ce dernier, qui instaurait un royaume universel et définitif, on voyait l’œuvre de Dieu en personne. De plus, la situation misérable de la communauté d’Israël avait fait jaillir l’idée d’un sauveur pauvre ainsi que celle d’une victime innocente qui donne sa vie pour le salut de tous. Le portrait évangélique du Messie devait s’inspirer de cette spiritualité.
Encyclopédie Universelle. 2012.